Presentation

L’archéologie de la piraterie est une discipline récente qui conduit depuis une cinquantaine d’années des recherches et des fouilles archéologiques entre la côte est des Etats-Unis, les Caraïbes et l’océan Indien. Aujourd’hui, seulement une poignée d’épaves pirates a été découverte, identifiée et souvent partiellement fouillée. Cependant, d’autres recherches ont été menées sur des sites terrestres notamment des restes de campements sur le littoral ou des éléments architecturaux liés aux systèmes défensifs. L’étude du mobilier archéologique lié à ces installations est également en pleine expansion.

A ce jour, moins d’une dizaine d’épaves pirates des XVIIe-XVIIIe siècles ont été découvertes et attestées par l’archéologie subaquatique. Leur identification est bien sûr liée à un examen exhaustif de la documentation d’archives et des récits des gens de mers selon la zone géographique ciblée. Elles se localisent le long de la côte est des Etats-Unis, dans la mer des Caraïbes, le long de la côte brésilienne et dans l’océan Indien, bien que d’autres épaves soient en cours de recherche ou d’identification dans le Détroit de Magellan, près des côtes brésiliennes ou le long des côtes Atlantique françaises. Parmi les principales épaves trouvées, deux ont été fouillées sur la côte est d’Amérique du Nord avec le Whydah Gally 1717 et le Queen Anne’s Revenge 1718, dans les eaux caribéennes avec le Quedah Merchant 1699 et le Great Ranger 1722, mais aussi deux dans l’océan Indien avec une épave dans la baie d’Ambodifototra sur l’île Sainte-Marie à Madagascar, supposée être le Fiery Dragon 1721 et une autre épave, le Speaker 1702, retrouvée sur la côte est de l’île Maurice. Au sud du Brésil, deux épaves pirates ont été découvertes. La 1ère est une épave localisée dans les années 1960 près de l'île de Cotinga. Les archives évoquent un navire qui aurait coulé en 1718 et certains éléments restant à confirmer pourraient identifier ce navire comme étant La Louise du pirate Olivier Levasseur dit La Buse. La 2ème épave a été découverte près de l'île de Santa Catarina. Les recherches historiques et archéologiques ont permis d'identifier en 2004 un navire espagnol qui a coulé en 1687, probablement l'Aranzazu, capturé d'abord par le pirate anglais Edward Davis puis par le flibustier Thomas Prince ou Frins.

Ces épaves sont toutes liées à un pirate célèbre : Samuel Bellamy, Edward Teach alias Barbe Noire, William Kidd, Bartholomew Roberts, Christopher Condent (alias William Condon ou Edward Congdon) et John Bowen.

En plein développement, les investigations terrestres ont pour but de déceler les occupations côtières dans les Caraïbes et l’océan Indien en lien avec des installations flibustières. Par exemple, sur l’île de Saint-Martin, des fouilles récentes ont permis de mettre en évidence ce qui ressemble fortement à un campement éphémère flibustier servant de zone de carénage. Mais ce sont les recherches ciblant les systèmes défensifs des Caraïbes ou de l’océan Indien, touchant ainsi des contextes côtiers liés à la piraterie, qui apparaissent les plus prometteuses. Allant dans ce sens, les forts de Saint-Domingue et plus précisément de l’île de la Tortue pour les Caraïbes mais aussi de l’île Sainte-Marie à Madagascar ont déjà été mis en évidence à travers les sources hagiographiques, les archives et les plans dressés aux XVIIe-XVIIIe siècles. L’organisation de futures missions d’exploration et de prospections apportera des perspectives archéologiques franches pour ces hauts-lieux de la piraterie.

Une équipe de chercheurs français et internationaux a donc décidé de créer en 2019 un programme de recherche dédié à cette archéologie de la piraterie des XVIIe-XVIIIe siècles afin de valoriser les investigations dans le domaine et les futures recherches. Ce site internet permet aux lecteurs de consulter les recherches liées à ce programme de recherche qui réunit les principales missions d’exploration et d’étude, des Caraïbes à l’océan Indien, les publications de l’équipe et les outils de communication.