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L’archéologie de la piraterie peut être un moyen de mieux connaître le mode de vie de ces gens de mers hors-la-loi. Peu développée en France et en Europe, cette thématique récente en archéologie conduit depuis maintenant près de 50 ans des recherches et des fouilles archéologiques entre la côte est des Etats-Unis, les Caraïbes et l’océan Indien où plusieurs épaves pirates ont été découvertes et identifiées. Ces programmes scientifiques apportent des informations clés à la meilleure connaissance de ces marins, anciens militaires ou marchands, ayant été attirés par une vie plus indépendante.


Une équipe de chercheurs français et internationaux a donc décidé de créer en 2019 un programme de recherche dédié à cette archéologie de la piraterie des XVIIe-XVIIIe siècles dans le but de valoriser les investigations dans le domaine et les futures recherches (missions archéologiques et publications scientifiques). Afin d'avoir un soutien juridique, ce programme de recherche repose sur la base d'une association ADLP - Archéologie de la Piraterie créée en septembre 2019.

L’équipe d’archéologie sous-marine de l’expédition “Speaker 2021” prête à plonger pour explorer l'épaves.

ADLP

À ce jour, moins d’une dizaine d’épaves pirates des XVIIe-XVIIIe siècles ont été découvertes et attestées par l’archéologie subaquatique. Leur identification repose sur un examen exhaustif de la documentation d’archives et des récits des gens de mer, en fonction de la zone géographique ciblée. Ces épaves se localisent le long de la côte est des États-Unis, dans la mer des Caraïbes, le long de la côte brésilienne et dans l’océan Indien. D’autres épaves sont en cours de recherche ou d’identification dans le détroit de Magellan, près des côtes brésiliennes, ou le long des côtes atlantiques françaises.

Parmi les principales épaves trouvées, deux ont été fouillées sur la côte est de l’Amérique du Nord : le Whydah Gally (1717) et le Queen Anne’s Revenge (1718). Dans les eaux caribéennes, les épaves du Quedah Merchant (1699) et du Great Ranger (1722) ont été découvertes. Dans l’océan Indien, une épave supposée être le Fiery Dragon (1721) mais qui apparaît pour le moment non identifiée, a été retrouvée dans la baie d'Ambodifotatra sur l'île Sainte-Marie à Madagascar, ainsi que le Speaker (1702) sur la côte est de l’île Maurice.

Au sud du Brésil, deux épaves pirates ont été découvertes. La première a été localisée dans les années 1960 près de l’île de Cotinga. Les archives évoquent un navire qui aurait coulé en 1718, et certains éléments restant à confirmer pourraient identifier ce navire comme étant La Louise du pirate Olivier Levasseur, dit La Buse. La seconde épave a été découverte près de l’île de Santa Catarina. Les recherches historiques et archéologiques ont permis d’identifier en 2004 un navire espagnol qui a coulé en 1687, probablement l’Aranzazu, capturé d’abord par le pirate anglais Edward Davis puis par le flibustier Thomas Prince, ou Frins.


Ces épaves sont toutes liées à un pirate célèbre : Samuel Bellamy, Edward Teach alias Barbe Noire, William Kidd, Bartholomew Roberts, Christopher Condent (alias William Condon ou Edward Congdon) et John Bowen.

Carte des épaves pirates identifiées à ce jour à travers le monde et datées XVIIe et XVIIIe siècles.

J. Soulat

En plein développement, les investigations terrestres visent à déceler les occupations côtières dans les Caraïbes et l’océan Indien en lien avec des installations flibustières. Par exemple, sur l’île de Saint-Martin, en 2016, des fouilles ont révélé ce qui semble être un campement éphémère flibustier, utilisé comme zone de carénage. Cette compagne archéologique dans les Antilles fait écho à notre travail récent sur le repaire de pirates de l'île Sainte-Marie de Madagascar.

Cependant, ce sont les recherches ciblant les systèmes défensifs des Caraïbes et de l’océan Indien, dans des contextes côtiers liés à la piraterie, qui s’avèrent les plus prometteuses. Dans cette optique, les forts de Saint-Domingue, en particulier ceux de l’île de la Tortue pour les Caraïbes, ainsi que dans une moindre mesure sur l’île Sainte-Marie à Madagascar, ont déjà été mis en évidence grâce aux sources hagiographiques, aux archives, et aux plans dressés aux XVIIe-XVIIIe siècles.

L’organisation de futures missions d’exploration et de prospection devrait offrir des perspectives archéologiques significatives pour ces hauts lieux de la piraterie.

Cette peinture à l'huile de 1920 met en scène Barbe Noire lors de sa dernière bataille contre les troupes de Robert Maynard en 1718.

J. L. G. Ferris